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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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La Base (1968-1971)

Présentation [1]

Nous ne savons pas exactement dans quelles circonstances ces bulletins "La Base – Comité d’action Citroën" sont nés. Le premier que nous avons retrouvé date certainement de la fin de l’année 1968, puis les suivants de 1969 à 1971. Y en a-t-il eu d’autres auparavant ?

Nous ne pensons pas que l’on puisse établir un lien direct entre le Comité d’action Citroën (CAC) tel qu’il existât en mai 68 et ce CAC de la fin 68. En ce beau mois de mai, il y eut plusieurs Comités d’action, tous issus du mouvement de grèves, de manifestations qui bouleversa le paysage politique habituel, remettant tout en question dont le pouvoir des syndicats. Ceux-ci sont mis à mal pendant un temps : des comités de base surgissent dans les usines, réunissant syndiqués et non-syndiqués ; des comités d’action travailleurs-étudiants se réunissent au Centre Censier (annexe de la Faculté des Lettres). L’action des CA est multiple : par la propagande, œuvrer à la transformation des grèves passives en grèves actives ; mettre en rapport des travailleurs qui s’ignorent ou ne peuvent se rencontrer... en quelques mots : œuvrer au renforcement de l’autonomie de la classe. Le Comité d’action Citroën est l’un d’eux : son but est de mettre en relation les étudiants et les ouvriers de Citroën en grève et son comité de grève à partir du 20 mai 1968.

S’il faut comprendre la création de ces différents comités comme expression d’un mouvement profond, spontané dans le sens d’une création surgie de l’action, du mouvement et de ses propres nécessités, il ne faut pas oublier qu’y participent des militants issus du maoïsme, du trotskisme (soucieux de recruter pour renforcer leurs chapelles), ainsi que des militants qui pendant des années ont affirmé que les travailleurs devaient contrôler leur lutte eux-mêmes. Ces militants ne cherchent pas à diriger la lutte, à jouer un rôle d’avant-garde. Nous pensons en particulier aux militants du GLAT (Groupe de liaison pour l’action des travailleurs), d’ICO (Informations et Correspondance Ouvrières), de PO (Pouvoir ouvrier). Tous ces militants se retrouvent dans ce CAC.

Avec le déclin rapide des grèves au mois de juin, ces comités ne se sont pas développés, leur rôle actif comme expression d’une volonté collective est terminé, les syndicats reconquièrent leur hégémonie. La plupart des comités disparaissent. Quant à ceux qui se maintiennent, on peut dire que c’est grâce à l’effort tenace de quelques militants, dont ceux du GLAT, qui ont l’habitude d’agir ainsi : se réunir, discuter, préparer des tracts, des bulletins, les diffuser... [2] Ces comités ne peuvent en aucun cas créer des actions, des grèves. Ils s’en tiennent désormais à un travail d’information et d’explication. Ce sont eux qui par la suite seront à l’origine des petits bulletins CAC que nous mettons en ligne.

Dans l’extrait de l’article du premier bulletin que nous avons retrouvé, partant du constat que "Pendant la grève, beaucoup de travailleurs ont senti l’inertie des syndicats et compris qu’il faudrait trouver d’autres formes d’organisation pour la lutte revendicative", est mis en avant les tâches des CAC :

  • Ils regroupent des travailleurs syndiqués et non-syndiqués, en général par département, par atelier,
  • Ils sont l’expression de la volonté des travailleurs,
  • Ils se réunissent pour discuter de tous les problèmes de l’atelier, prendre collectivement des décisions,
  • Ils élisent des délégués chargés de représenter le Comité (A Rhône-Poulenc pendant la grève, ces délégués, élus par tous les grévistes organisés en Comités de Base formaient le Comité central de grève). Ces délégués sont révocables à tout moment par les travailleurs.

Pour ce qui est de la mise en pratique de ces points nous n’en savons pas plus. Quelques rares articles du bulletin Lutte de Classe (GLAT) nous indiquent qu’il a existé d’autres CA, comme ceux de la RATP (ligne de Sceaux), des Grands Magasins, des PTT [3]. Mais quelle fut leur réalité effective ? [4]

Nous ne pouvons que renvoyer les lecteurs à quelques lectures. Tout d’abord 2 articles du bulletin Lutte de Classe qui reviennent sur les leçons à tirer de l’expérience des comités d’actions apparus en mai 1968 :

et un article d’ICO n°82 intitulé "Les comités de mai : interentreprises de Paris", revenant sur la naissance des différents comités et leurs trajectoires ultérieures.


Notes :

[1Quelques sources : Bruno Astarian, Les grèves en France 
en mai-juin 1968, mai 2003 , Jacques Baynac, Mai retrouvé, Editions Robert Laffont, 1978 ; François Cerutti, D’Alger à Mai 68, mes années de révolutions, Editions Spartacus, 2010 ; Fredy Perlman-Roger Grégoire, Les comités d’action ouvriers-étudiants, France-Mai 68, février 1969 ; Bulletin Lutte de Classe, numéros de décembre 1968, février et octobre 1969.

[2NdE : En nous basant sur notre propre expérience et ce que l’on a pu lire sur cette période, la plupart des ouvriers combatifs qui ont lutté dans ce type de comités, qu’ils soient syndiqués ou non, sont retournés au travail. Le temps de la lutte ouverte terminée, les vieilles habitudes reprennent le dessus et il n’est pas dans leurs mœurs de se transformer de facto en militant.

[4Si des lecteurs, tombant sur ces lignes, en savent plus...

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