Les cahiers Mise au Point sont nés d’une relation d’amitié entre trois comparses, Serge Bricianer, Jorge Valadas (qui signe Charles Reeve) et Jackie Reuss.
Le premier numéro s’est construit autour d’un texte sur Wilhelm Reich que Serge avait dans ses tiroirs, complété par une critique des positions de Deleuze et la traduction de "Marxisme et Psychologie", article de Fritz Hensler daté de 1937 et publié dans la revue nord-américaine des communistes de conseils Living Marxism.
Le n°2 analyse, à partir de textes des LIP et d’entretiens à Besançon, l’activité collective, autonome et en rupture avec la légalité que les grévistes ont menée pendant neuf mois en 1973.
Le n°3 se penche, dans le contexte post-25 avril 1974 au Portugal, sur la "lutte exemplaire" des ouvriers de la TAP (transports aériens portugais), qui furent ramenés à la raison - la reprise du travail - sous la menace des fusils des militaires "progressistes".
Un quatrième numéro, "Imposture et fraude dans la littérature anti-conseilliste", était prévu mais n’a jamais vu le jour… Il s’agissait d’un long travail inachevé de Serge, où il critiquait la littérature post-soixante-huitarde centrée sur ce qu’il appelait - avec son humour corrosif -– "une idéologie non existante", c’est-à-dire, "le conseillisme".
Très éphémère, cette expérience de publication de textes "consacrés à des questions politiques et sociales contemporaines… abordée sous un angle matérialiste et critique" trouve néanmoins un certain écho dans le petit milieu radical de l’époque. Si elle s’arrête là, les liens forts d’amitié et de lutte ne seront jamais rompus jusqu’à la mort de Serge en 1997.