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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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Grève de Mai chez Nodet
{Le Gauchiste}, n°2, Février 1969, p. 10-11.
Article mis en ligne le 26 mars 2014
dernière modification le 12 mars 2014

par ArchivesAutonomies

(Récit d’un militant de chez NODET)

Dimanche 19 mai, réunion C.G.T. à MELUN , de tous les secrétaires syndicaux représentant toutes les entreprises de MONTEREAU : BESSON - SOLETANCHE, etc ... etc ...
Après un exposé assez nébuleux du secrétaire général de l’U.D. de la C.G.T., le Secrétaire du Syndicat de chez NODET demande quelles sont les directives pour la grève ... Réponse : "Ce n’est pas une grève voulue par la C.G.T., elle doit partir de la base. C’est aux secrétaires des sections d’entreprises de prendre leurs responsabilités et de déclencher le mouvement ’’.
Le mot d’ordre de grève générale n’étant pas donné. Intervention d’un syndicaliste "d’idéal-standard" de MELUN qui reproche à l’Union Départementale de fuir ses responsabilités.
Le lendemain, lundi 20, chez NODET, réunion de tout le personnel. Dès 7 Heures, les employés se rendent à la salle de réunion. Tout le monde est présent à peu de choses près. Le Secré­taire prend la parole et donne les consignes émanant de la section d’entreprise. Puis, vote sur la grève illimitée ; 247 sur 293 votants ! Dès 8 Heures, installation des piquets de grève devant les portes, pas d’occupation d’usine en raison du temps qu’elle prend, des effectifs qu’elle immobilise. C’est aussi pour cette raison que les travailleurs de chez NODET furent nombreux dans les interventions pour faire cesser le travail aux boites non-grévistes, et notamment, à la S.I.L.E.C ;
Uniquement par intervention extérieure, la SILEC ferme ses portes pendant huit jours. Aucun signe de vie des militants syndicalistes de la SILEC.
Dans l’ensemble, à MONTEREAU, la grève a bien marché, les défaillances sont venues de l’union locale C.G.T. Les dirigeants de l’union locale étant tous des dirigeants du P.C. Ils ont constamment tenté d’utiliser la grève comme argument électoral, et n’ont pas cherché à employer uniquement la force que représentaient tous les grévistes (10 000 000 sur le plan national).
Après le premier discours de DE GAULLE, au cours d’une réunion de commission exécutive, certains dirigeants parlèrent des points stratégiques de MONTEREAU (la mairie notamment), tout juste, s’ils ne parlaient pas de recours à la force.
Après le deuxième discours de DE GAULLE, baisse de ton des gens du parti. Après la dissolution de l’Assemblée Nationale, un délégué en réunion, donne lecture du communiqué de SÉGUY, disant qu’après les accords de Grenelle, il fallait que la grève cesse et, que la lutte continuerait par la suite, que chaque entreprise négocie au mieux, et que le travail reprenne. Voilà ce qu’on entendait au bout de quinze jours de grève, à la. fin de la réunion, accrochage assez violent : certains militants affirmant qu’ils n’oublieraient jamais la trahison de la C.G.T.
Le travail a repris à peu près partout à MONTEREAU. Chez NODET, les travailleurs jugeant les accords insuffisant prolongent la grève par un vote à bulletin secret qui donne 182 voix sur 240.
La grève a encore continué huit jours, et nous avons obtenu 47 H 30 payé 48 H, et 1 % supplémentaire d’augmentation, mensualisation de 15 horaires par an. Dernier vote où fût décidé la reprise du travail ; 67 votent encore pour la prolon­gation de la grève.
Au mois d’août, a la suite d’importantes commandes venant d’Afrique du Nord, la section syndicale juge opportun d’organiser un débrayage. Action bien préparée, mais le débrayage a été un échec : 107 grévistes sur 330 employés !
La section syndicale, à la suite de ce qu’elle estime être un échec, démissionne collectivement. Ne voulant encourir aucun reproche de la part de la direction de la C.G.T.. la section était néanmoins reconduite, et les employés désireux de payer leurs timbres pouvait s’adresser à ses membres. Seule, une vingtaine d’ouvriers restèrent syndiqués sur les 140 environ qui l’étaient auparavant.
Maintenant se posent les problèmes des relations avec la direction. Le patron est très ennuyé et cherche avec qui il va discuter et signer le protocole d’accord, le règlement intérieur, organiser la participation. Le deuxième collège qui, dans l’en­semble a subi la grève et avalé l’augmentation non hiérarchisée, a créé un syndicat autonome, dont le candidat est le chronométreur-analyseur.

NOTES AJOUTÉES AU TEXTE :

Plus de grévistes non syndiqués que de syndiqués au débrayage d’août.

A l’union locale, au cours de la grève, empoignades terribles entre C.G.T. et- C.F.D.T.

La C.F.D.T. a pris le pas sur la C.G.T. dans l’organisation de la grève, grâce au dynamisme et à la clairvoyance de ses militants.