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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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Le désir de psychiatrie
{Marge}, n°6, Avril-Mai 1975, p. 1.
Article mis en ligne le 8 juillet 2013
dernière modification le 18 novembre 2013

par ArchivesAutonomies

Assez de mensonges messieurs les spé­cialistes et que cela soit bien clair dans l’esprit de tous à savoir que nos objectifs sont :

  • la destruction de la psychiatrie,
  • la libération de tous les "malades men­taux",
  • la suppression de tous les asiles.

    Il faut crier, hurler qu’il n’y a pas d’autre alternative à la psychiatrie que celle de sa destruction.
    C’est pourquoi il est nécessaire de dénon­cer le discours anti-psychiatrique qui n’est que le retour du même. L’anti-psychiatrie c’est en­core et toujours la psychiatrie et son discours, la répétition sans la différence. Le temps n’est plus à dire mais à faire, non pas l’action pour l’action, mats bien l’intervention géné­ralisée sur les lieux mêmes de la répression sauvage et aveugle qui demain peut tous nous frapper, car nous sommes tous des malades mentaux en puissance et nous savons trop ce qu’il nous attend si nous ne faisons rien. Là est le seul discours qui peut fonder notre pra­tique contre l’institution psychiatrique.
    Nous affirmons tranquillement que la ma­ladie mentale ça n’existe pas et que ce n’est qu’une Invention de psychiatres. De plus, nous sommes persuadés qu’il s’agit bien là d’un phénomène racial, d’une négation de l’autre qui passe par le refus de cette différence qu’est le comportement du "malade mental".
    Il n’est plus nécessaire de démontrer qu’en plus de son caractère profondément répres­sif la machine psychiatrique est un immense instrument (et de premier ordre S.V.P. !) aux mains de la bourgeoisie, de qui les psychia­tres, libéraux, gauchisants, pseudo-révolu­tionnaires ne sont que des ailiers objectifs qui norment, encadrent, codent, gardent, em­prisonnent, lobotomisent, normalisent, neuroleptisent, classifient, électrochoqulsent, ana­lysent, ces dits "malades mentaux".
    La vérité c’est qu’on appelle la folie mala­die mentale, parce que la folie fait peur, qu’elle dérange, qu’elle décode et court-cir- cuite tout le système, C’est ça l’investissement politique inconscient ou conscient du champ social. Ce que nous disons c’est que la folie est politique, que ses origines sont po­litiques et que comme la délinquance elle est une fantastique révolte de l’homme contre le pouvoir de cette société de misère, que tous les malades mentaux sont des prisonniers po­litiques et que c’est pour des raisons fonda­mentalement politiques qu’on les enferme, que la folie ça existe bel et bien et que ça fonc­tionne très bien, mais que ça n’a rien à voir avec une maladie et qu’il s’agit de tout autre chose que ce que les spécialistes en question voudraient bien y voir.
    Alors voilà on peut se demander ce que ça veut dire ce désir de psychiatrie ? Qu’est-ce que ça signifie et à quoi ça sert un psychiatre ? Coureur de vacations, de chimères ou de fan­tasmes ?
    L’extraordinaire c’est que nous avons même rencontré des psychiatres heureux qui aime leur travail, en sont fier et défendent l’insti­tution. Ils ont bonne conscience, ils répondent à la demande, on peut d’ailleurs se demander laquelle puisque c’est eux qui la crée, ils ai­dent et soulagent. On croit rêver, eux les complices des flics, des juges, des patrons, eux qui utilisent leur pouvoir à enfermer, eux qui se déchargent du sale travail sur ces lar­bins, les leurs, que sont les infirmiers psychia­triques. Que dire ? Que faire ? Chaque année de brillants médiocres petits cons d’étudiants en médecine font leur entrée en psychiatrie. Ce qu’ils veulent c’est voir les fous de près, les étudier, comprendre pourquoi ils sont fous et comment ils ont pu en arriver là, ces mal­heureux... Ça ne risque pas de leur arriver. Qu’on se souvienne de ces mots de Cooper qui, parlant des psychiatres, disait "qu’ils ne sont en fait que des médecins médiocres, des gens qui n’ont pas pu ’réussir’ en médecine générale".
    Mais après tout qu’importe, "la violence qui crève les yeux, continue Cooper, c’est cette violence subtile et masquée que les autres, les hommes normaux, exercent sur ceux qu’on a baptisés fous".
    Ce qu’il se passe c’est qu’il existe une catégorie d’hommes qui n’accepte pas la diffé­rence, c’est alors que leur soif de rationnel les conduit au sadisme.

    Gérald DITTMAR.