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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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Têtes de bois et oreilles d’ânes
{Lutte de Classe}, Février 1965, p. 4
Article mis en ligne le 29 juin 2017
dernière modification le 16 juin 2017

par ArchivesAutonomies

Depuis quelques temps, les groupes politiques de toutes teintes fourbissent à grands cris leurs armes en vue du "grand combat" des municipales. Nous ne nous attarderons pas ici sur les tractations de couloir par lesquelles les différents partis montrent encore une fois leur incohérence doctrinale, mais bien sur les principes mêmes de la "lutte" électorale en régime capitaliste .
On sait parfaitement que, dans la période de centralisation accélérée que nous vivons, les élus municipaux, de quelle "couleur" qu’ils soient, ne représentent rien d’autre qu’un troupeau servile qui n’a plus qu’à courber l’échine devant les décrets officiels. L’exemple des municipalités dites de "front populaire" est bien là pour le montrer.
Mais le plus grave, c’est que l’on devrait avant tout se souvenir que, même dans le cas où les élus municipaux pourraient encore avoir quelque rôle à jouer, les électeurs n’ont alors aucune espèce de garantie quant aux actes d’un candidat élu, en leur nom, pour cinq ans, sur une suite de promesses que les faits ont toujours démenties.
"N’importe, dira-t-on, ces élections municipales permettront à la gauche de se compter avant les élections présidentielles". Outre le fait que le procès des bureaucrates de ladite "gauche" n’est plus à faire, c’est encore une fois reculer pour mieux sauter, en oubliant la signification véritable de ces futures élections. Nous en reparlerons, car bientôt :

Devant les électeurs à têtes de bois et oreilles d’ânes, les candidats bourgeois, vêtus en paillasses, danseront la danse des libertés politiques, se torchant la face et la post-face avec leurs programmes électoraux aux multiples promesses, et parlant avec des larmes dans les yeux des misères du peuple et avec du cuivre dans la voix des gloires de la France ; et les têtes des électeurs de braire en chœur et solidement : hi han ! hi han !

La citation est de Paul LAFARGUE, militant du 19e siècle. Elle montre assez combien, bernée par les bureaucrates de tout poil, la conscience révolutionnaire a pu rétrograder en plus d’un demi-siècle, pour que des travailleurs de bonne foi puissent croire encore à des promesses et à une tactique électorales qui ne sont plus que l’alibi sordide du capitalisme.