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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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Arguments pour une ré-édition d’Arguments
Olivier Corpet
Article mis en ligne le 4 décembre 2015
dernière modification le 23 septembre 2015

par ArchivesAutonomies

On ne soulignera jamais assez le rôle irremplaçable des revues. Dans le monde des lettres et des idées, la plupart d’entre elles remplissent encore aujourd’hui des fonctions essentielles, vitales même pour la critique des conformismes ambiants et des idéologies dominantes, pour l’invention et l’exploration des idées nouvelles et le renouvellement du langage et des genres littéraires. Leur multiplication, leur rayonnement, demeurent des indicateurs assez sûrs de l’intensité de créativité culturelle et théorique d’une époque. Elles savent souvent, avec plusieurs longueurs d’avance, annoncer puis révéler les périodes "chaudes" où fleurissent les projets, s’exacerbent les passions et s’aiguisent les polémiques, moments fiévreux, privilégiés, où la pensée sort de sa torpeur, s’ébroue et s’élance vers de nouveaux horizons. L’avant-gardisme n’est plus alors seulement une étiquette plus ou moins mensongère ou mondaine, mais un véritable acte instituant, qui offre des espaces inédits à l’imaginaire et à la création.

Certaines revues durent, tant bien que mal, s’incorporent dans l’establishment et gagnent en respectabilité ce qu’elles perdent en originalité. D’autres, le plus grand nombre en fait, s’épuisent et meurent très vite ou plus exceptionnellement choisissent de leur propre chef de s’arrêter. Mais l’importance d’une revue n’est pas forcément indexée sur sa durée de vie. Dans un de ses derniers entretiens, Roland Barthes faisait ainsi une distinction entre les revues qui sont devenues de véritables et vénérables institutions — la Revue des Deux Mondes, la Nouvelle Revue Française ou les Temps Modernes, par exemple — revues qui "ont trouvé un cadre, une forme d’expression suffisamment stable pour digérer toutes les évolutions d’idées", et les revues "assez ponctuelles, assez éphémères, fugitives, transitoires, mais qui représentent évidemment des moments significatifs de l’histoire" [1]. Pour R. Barthes. Arguments fut à l’évidence une de ces revues dépourvues de "caractère sacré", "petites" par leurs ambitions commerciales et devenues "grandes" par leur influence, ce dont on ne s’aperçoit souvent qu’après leur disparition. C’est alors qu’elles nous manquent.

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Dès l’origine, les premiers rédacteurs d’Arguments précisaient leur intention : "Arguments n’est pas une revue mais un bulletin de recherches, de discussions et de mises au point, ouvert à tous ceux qui se placent dans une perspective à la fois scientifique et socialiste". La forme même de ce "bulletin", copie conforme de la revue italienne Ragionamenti avec laquelle s’établissait une collaboration originale (collaboration dont Mariateresa Padova retrace plus loin, les principaux moments), ne faisait aucune concession à l’esthétisme graphique. Il n’était pas question, semble-t-il, de suivre l’illustre exemple des revues surréalistes, de se livrer au plaisir des collages ou des détournements photographiques, ni même de faire preuve de la moindre fantaisie dans la mise en page. Que ce soit par manque d’envie, de moyens ou de temps, peu importe, le résultat est là : un texte serré, dense, un torrent ininterrompu de mots et d’idées. Voilà pour la forme. Reste, et c’est l’essentiel, le fond d’Arguments qui, à lui tout seul, permet de délivrer à ce modeste "bulletin" l’appellation assurément plus noble — et plus justifiée — de revue ; dénomination que finalement ses animateurs finirent eux-mêmes par adopter.

Cette ré-édition intégrale n’aurait pas de sens si elle conduisait à transformer ce qui fut d’abord et primordialement une expérience de "convivialité intellectuelle" (Jean Duvignaud) en une institution momifiée, morte, stérile, destinée seulement à l’exégèse universitaire et académique [2]. Toutefois, si on juge avec François Fetjö qu’Arguments a marqué un "moment de la conscience française", cela lui assigne une place et un rôle non négligeables dans l’histoire des idées de ces trente dernières années. Dont acte. Au lecteur de juger sur pièces et de confirmer — ou non — cette opinion a posteriori aussi positive et valorisante qui risquerait cependant de n’être qu’un tardif et inutile "coup de chapeau" si elle conduisait à faire oublier la motivation principale qui animait cette recherche, lui imprimait force et mouvement : ne plus se contenter de critiquer la pensée des autres au nom d’une prétendue Vérité auto-proclamée, mais soumettre à la critique radicale tous les modes de pensée, y compris les siens propres, bref repenser la pensée elle-même et lutter sans cesse pour refuser toute prétention à un introuvable savoir objectif, définitif, sur la société et son devenir. A partir de cette position, le Monde n’est plus donné d’avance : "il se convertit en questions" suivant la formule de Sartre. C’est sur cette base et avec cette intention fondamentale que pouvait commencer et se développer l’aventure et l’errance d’Arguments.

Revenir sur cette tentative, la faire découvrir à ceux qui ne l’ont pas connue et redécouvrir à ceux qui l’ont oubliée, réunir en un ensemble ces fascicules dont certains étaient jusqu’ici introuvables, constituaient autant de raisons en faveur de cette ré-édition, un peu plus de vingt ans après l’auto-dissolution délibérée de la revue : "Avec et sans joie et tristesse, la revue Arguments est sabordée par ses capitaines", annonçait Kostas Axelos dans le dernier numéro. Certains, sur le moment, jugèrent cette décision inopportune, ainsi que le montrent plusieurs coupures de presse. Quoi qu’il en soit, l’acte déterminé de l’intérieur de la revue était original, peut-être salubre, de toute façon courageux. Combien de revues, en effet, ont préféré se survivre pour se déliter ensuite, plutôt que de finir ainsi, "en beauté" pourrait-on dire. à partir du moment où la dispersion des personnes, leurs fatigues cumulées, le risque de se répéter et un certain découragement finissaient par entamer sérieusement l’élan et l’enthousiasme du début ? Dans ces conditions, l’auto-dissolution peut effectivement devenir, comme l’écrit René Lourau, un des "beaux-arts sociologiques", c’est-à-dire "un acte conscient, une analyse, donc une base de départ en vue d’autres expériences fondées non sur la spontanéité ou au contraire la généralisation arbitraire, mais sur un savoir cumulatif et opératoire" [3]

Un autre élément qui renforce l’opportunité de cette ré-édition tient à la situation actuelle, en 1983. du monde des idées et des lettres et de ce que d’un mot un peu trop commode on a pris l’habitude de désigner comme la crise des modes de pensée, à la fois crise des idéologies politiques, crise économique, crise des savoirs, bref une crise généralisée, multidimensionnelle, qui provoque un effondrement le plus souvent salutaire des croyances et des dogmes, mais qui donne parfois le vertige car seul le vide paraît s’ouvrir sous ce monde qui se défait, sans que d’autres possibles s’annoncent, si ce n’est dans une confusion extrême. Face à cette déliquescence où s’enlise toute mise en question, où se perdent toute pensée critique et toute critique de la pensée, les théories politiques se décomposent, les modèles et expériences de transformation sociale tournent court et semblent ne pouvoir produire que des simulacres. Enfin, piètre mais logique résultat de ces processus délétères, seules surnagent dans ce naufrage ce qu’en paraphrasant Julien Gracq on pourrait appeler des pensées « à l’estomac", médiocres retombées mercantiles et médiatiques d’une déflagration intellectuelle, politique et éthique dont les premiers grondements se firent entendre aux alentours de cette fameuse année 1956 où l’équipe d’Arguments décida de commencer sa propre "expérience de dédogmatisation" (François Chatelet). Evidemment, on ne peut oublier que plus d’un quart de siècle sépare le lancement d’Arguments de sa ré-édition et qu’entre-temps le cours du monde s’est à plusieurs reprises modifié, alternant les espoirs de changement ou de révolution et les désillusions de la répétition. Mais pour tous ceux qui ressentent douloureusement la tragique vacuité de notre époque présente et voudraient faire en sorte qu’une issue apparaisse, qu’un possible se dévoile, pour tous ceux-là qui résistent à s’abandonner à un nihilisme fatal et à une résignation cynique, l’effort d’Arguments reste riche d’enseignements, d’intuitions, de virtualités et constitue une réserve précieuse dans laquelle nous pouvons puiser des idées et des mises en question, hélas ! toujours actuelles.

Les limites et les apories propres à la "grande révision" à laquelle Arguments convia ses lecteurs furent en leur temps soulignées par ses adversaires mais également et en première ligne par ses propres rédacteurs, lucides sur ces insuffisances. Aucun des animateurs d’Arguments ne s’est jamais nourri d’illusions sur les difficultés et les manques d’une telle entreprise et notamment sur le fait que malgré leur volonté de critique radicale, cette tentative avait été "finalement vaincue par l’intelligentsia" (E. Morin) dont une bonne partie d’entre elle se méfia, pour ne pas dire plus, de ces francs-tireurs stimulés par une liberté de penser enfin reconquise. La volonté de "sortir du ghetto" n’a donc pas été poursuivie, prolongée avec suffisamment de force pour empêcher que ne reviennent, et combien rapidement, et avec quelle vigueur sectaire, les "idéologies de somnambules » (J. Duvignaud). Au premier rang de celles-ci figurait le maoïsme qui déferla sur l’intelligentsia à partir de la seconde moitié des années 60 et fut incontestablement une des plus grossières entreprises de crétinisation idéologique des intellectuels occidentaux à peine et mal dessoûlés du stalinisme. Très vraisemblablement, on n’a pas encore fini de "payer" les ravages que cette mode provoqua dans nombre d’esprits qu’on aurait pu croire avertis, vaccinés contre ces criminelles mystifications. Rien n’y fit pourtant, et ce fut comme si toutes les critiques, et notamment celles d’Arguments, avaient été sinon vaines, du moins impuissantes à endiguer le flot des "prodigieuses inepties" comme l’écrit gentiment Simons Leys dans la Forêt en feu [4] à propos de cette idéologie d’illettrés qui allait pendant plusieurs années assourdir et assombrir le débat politique et théorique.

Un tel résultat peut paraître désolant et désespérant, et être interprété comme une remise en cause de l’efficacité véritable des interrogations critiques et des révisions développées par les collaborateurs d’Arguments. Ce serait, pourtant, manquer l’essentiel, à savoir la contribution irremplaçable qu’une tentative comme celle-ci a apportée — avec d’autres revues et d’autres groupes, comme par exemple Socialisme ou Barbarie ou l’Internationale situationniste — à l’ébranlement des certitudes les mieux assises, à la déstabilisation des dogmatismes les plus assurés d’eux-mêmes, à la déconstruction des grands récits totalisant et totalitaires avec, en tout premier plan, en toute urgence, le marxisme qu’il n’est plus possible désormais de confondre avec l’œuvre de Marx.

Cependant, l’apport d’Arguments ne se limite pas au débat important, incontournable dirait-on aujourd’hui, sur la question du marxisme et à la prospection d’une sorte de méta-marxisme que traduisait, selon E. Morin, "l’intention à la fois de conserver un acquis et d’aller au-delà d’un tabou" [5]. La lecture de l’ensemble de ces fascicules, le choix des thèmes et des auteurs, montrent éloquemment l’ampleur et l’intensité de la recherche entamée par Argments,la multiplication des disciplines et des démarches croisées pour déployer dans toutes ses dimensions cette "problématisation" du monde contemporain sous tous ses aspects : sociaux, philosophiques, politiques, littéraires et artistiques. Ainsi, la question du marxisme sans cesse présente, pressante et le débat sur le révisionnisme, occupent une place importante dans les quinze premiers numéros avec, déjà, des incursions questionnantes sur le roman et la critique, la pensée anticipatrice et l’ère planétaire. Ensuite, les autres thèmes abordés dans les numéros suivants portent sur la bureaucratie, les intellectuels, le mythe chinois, les difficultés de bien-être, mais aussi l’art, l’amour, le langage, etc. Enfin, la série s’achève avec deux numéros très riches sur "la question politique" dans lesquels sont abordés les rapports entre révolution sociale et révolution politique et la question microsociale à propos de laquelle s’engage un débat d’où émerge la thématique toute fraîche de l’autogestion, qu’on retrouvera quelques années plus tard, après 68, au cœur d’un profond renouvellement aujourd’hui encore inachevé, de la pensée sociale [6]. Arguments ne vaut pas seulement par les thèmes abordés mais tout autant par les auteurs invités à participer à sa rédaction. L’index des auteurs (publié à la fin du tome II de cette ré-édition) indique bien la diversité des contributeurs réunis autour de la revue. Peu de noms aujourd’hui (re)connus pour leur apport à la pensée contemporaine manquent à l’appel.

Un grand absent pourtant, une absence qui, si on peut dire, tient de la place et une place essentielle : Sartre. Mais le groupe d’Arguments pouvait-il, à cette époque, se lancer et exister sans se définir et se déterminer hors des zones d’influence de la pensée et de l’action de Sartre ? Lui-même avait connu des rapports plus que difficiles avec le P.C.F. (mais différents de la plupart des animateurs d’Arguments car, tandis que l’un, Sartre, avait hésité puis s’était refusé à y entrer, nombre des autres s’étaient plutôt interrogés sur la manière d’en sortir) et s’était attelé, dans le même temps que paraissait Arguments, à sa monumentale œuvre, la Critique de la raison dialectique, qui allait paraître en 1960.
Si on peut expliquer et comprendre les raisons qui firent qu’à cette époque ces deux démarches ne pouvaient, ni sans doute ne souhaitaient s’épauler, on doit aujourd’hui sou¬ligner leur convergence fondamentale pour ré-inventer — avec pour point de départ l’œuvre marxienne et en intégrant les apports de toutes les sciences humaines — une véritable anthropo-politique encore à venir.
Ce constat rejoint les conclusions de l’auteur américain Mark Poster qui, après avoir minutieusement étudié et présenté les principaux débats qui ont agité les intellectuels français dans l’après-guerre. croit pouvoir discerner dans l’œuvre de Sartre et dans la recherche menée avec et autour d’Arguments une telle convergence autour d’un "marxisme existentiel" (existential marxism) qui permettrait de jeter les fondements d’une théorie sociale susceptible d’aider à la formation d’une Nouvelle Gauche dont la première irruption dans le champ politique eut lieu, à son avis, en mai 68. [7]

L’autre contribution irrécusable d’Arguments qu’on ne peut que rappeler ici concerne, outre la collaboration avec Ragionamenti, l’ouverture sur de nouveaux courants de pensée à travers la présentation de textes de T. W. Adorno, M. Heidegger, G. Lukacs, H. Marcuse et des travaux de R. Jakobson ou A.-J. Greimas, qui, soustraits peu à peu à l’autorité des censeurs et des ignorants, sont désormais partie prenante de notre culture et de nos débats. La sortie du "ghetto" passait nécessairement par cette reconnaissance de la mondialisation des problèmes et par une nouvelle découpe et une recomposition inédite des connaissances.

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Il existe plusieurs entrées possibles dans Arguments. Cette ré-édition devrait donc permettre de retrouver le mouvement même qui animait, agitait, la revue, effervescence intellectuelle qui peut se lire à travers mille détails significatifs comme la composition rédactionnelle de chaque numéro, les réponses à certains articles, les critiques des critiques, les articles et thèmes annoncés pour les numéros à venir, etc., sans négliger non plus les échanges de publicité avec d’autres revues de l’époque (les Lettres nouvelles, Preuves, Esprit, Diogène, les Cahiers de la République, Présence africaine, etc., ou encore Passato e presente, Das Argument ...) aux sommaires desquels on retrouve d’ailleurs des auteurs d’Arguments, et qui sont autant d’illustrations de l’"ambiance" intellectuelle de cette période, de ses préoccupations et de ses attentes.
Certains lecteurs pourront donc préférer les premiers numéros d’Arguments, tout foisonnants et tumultueux, marqués d’un évident désir de desserrer une bonne fois pour toutes l’étreinte étouffante de la scolastique marxiste, de libérer la réflexion et son expression ; d’autres seront plus intéressés par les numéros de la seconde période de la revue, qui commence avec la publication de numéros thématiques et fournit des "dossiers" plus complets mais sans doute moins contradictoires et animés que les précédents. A chacun de choisir. sans oublier néanmoins qu’une évaluation de l’impact et de l’influence d’Arguments ne peut se limiter aux seuls textes publiés dans la revue — même si cela représente déjà un ensemble impressionnant, mais doit prendre également en compte tout ce qui a été pensé, débattu, écrit et publié dans le sillage d’Arguments, des traductions des principales œuvres de Lukacs. Marcuse. Adorno aux ouvrages publiés par les collaborateurs de la revue à partir de leurs propres articles [8]. Enfin, une telle évaluation devrait évidemment inclure la collection "Arguments", née parallèlement à la revue en 1960 et qui, placée sous la direction de K. Axelos, s’est efforcée ensuite de poursuivre, en l’élargissant et en l’approfondissant, la recherche inaugurée par et dans la revue. La liste des livres qui ont été publiés — toujours aux éditions de Minuit qui fut l’unique éditeur de la revue, honneur lui soit rendu ! — exprime bien la fécondité et les virtualités de la réflexion engagée quelques années plus tôt dans un modeste "bulletin". On le voit, par ses suites et ses retombées. Arguments était effectivement devenue une véritable revue. Et sans aucun doute une des plus importantes de l’après-guerre.<:p>

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Il fut un temps où l’épithète "argumentiste" était une injure proférée par les situationnistes qui n’en étaient pas avares. Aujourd’hui cela fait sourire. Le cours des événements et des idées a. en vingt-cinq années, changé bien des références et des valeurs dans le champ politique intellectuel et culturel. Mais si un grand chambardement a eu lieu, ce n’est malheureusement pas dans le sens souhaité par Arguments qu’il s’est produit. Le monde qui se faisait a été souvent plus prompt à se rétablir, à se changer lui-même, que ceux qui voulaient le mettre en question et le transformer. De fait, la gravité et l’urgence des questions avancées par Arguments n’ont cessé, depuis, de se faire plus pressantes et plus angoissantes.

C’est pourquoi cette ré-édition d’Arguments ne doit pas être comprise comme une opération muséologique. Elle poursuit deux objectifs complémentaires, d’une toute autre ambition. D’abord restituer dans son intégralité une réflexion dont on ne peut faire l’économie si on veut comprendre en profondeur notre époque contemporaine, et faire reconnaître à cette occasion le rôle essentiel qu’ont joué des "petites" revues comme Arguments pour que le projet de "changer la vie" soit indissolublement lié à celui de "transformer le monde", faute de quoi, on ne l’a que trop vu. le pire est sûr. Ensuite, inviter ceux que n’a pas encore déserté le besoin et la volonté d’élargir le champ des possibles, à reprendre les questions laissées sans réponses ou insuffisamment élucidées et à retrouver l’exaltation créatrice et libératrice de la pensée critique et de l’anticipation utopique. Vingt-cinq ans après, Arguments atteste que si on veut bien s’en donner la peine et les moyens, le pire n’est peut-être pas tout à fait certain.

(septembre 1983)